La différence cruciale entre un système monétaire basé sur une monnaie convertible en or et une monnaie fiduciaire (fiat) est que sous un système étalon-or, le gouvernement national doit émettre de la dette pour couvrir ses dépenses au delà des revenus de l’impôt.
La fin de Bretton Woods fut l'interruption finale entre les matières premières qui ont une valeur intrinsèque et les monnaies nominales.
Depuis ce moment, les gouvernements ont utilisés la monnaie fiduciaire (fiat) comme base du système monétaire.

Une des conclusion fondamentale de MMT est qu'il n'y a pas de différence fonctionnelle (pour un État souverain émetteur en monopole de sa monnaie dans un monde à taux de change flottant) entre un "bon du Trésor" et la "monnaie", sauf en ce qui concerne le terme (intérêts contre aucun intérêt) et la durée. Ainsi, il n'y a pas de différence entre un déficit "financé" par l'émission d'obligations et par la création monétaire directe - les deux sont "inflationnistes" (ou non) dans le sens où ils ajoutent à la demande globale, et les deux ajoutent des actifs financiers nets (monnaie) au secteur privé.
Le croque-mitaine de la "planche à billets" est une relique de l'époque de l'étalon-or, dans lequel la "monnaie" était convertible en or et la "dette" ne l’était pas.
Les ressources réelles peuvent être "imprimées" à la condition qu'il y ait des capacités inutilisées dans l'économie. Si le gouvernement embauche les chômeurs, le travail qui est effectué est un travail qui n'aurait pas été réalisé autrement et représente une production qui aurait été perdue à jamais.




mardi 23 novembre 2010

Le desastre que la zone euro s'impose a elle-même


Euro zone’s self-imposed meltdown
Lundi 12 Octobre 2009

Bill Mitchell est Professeur de recherche en économie et Directeur du Centre du Plein Emploi et Équité (CofFEE), a l'Université de Newcastle, NSW Australia.


J'ai fait des recherches sur les données du sous-emploi en Europe aujourd'hui dans le cadre d'un vaste projet dont je vais rendre compte en temps voulu.
A chaque fois que je fais des recherches sur les données européennes, je pense a la bêtise du système de l'Union Monétaire Européenne (UME) vu au travers de la théorie moderne monétaire (MMT).
En lisant le Financial Times cet après-midi, j'ai lu que les "déficits pourraient fracturer de la zone euro" et j'ai pensé, il y a de l'espoir après tout même si ce n'est pas ce que le journaliste essayait de transmettre.

C'est un moment opportun pour répondre à un tas de questions que l'on me pose au sujet de l'UME.
Est-ce que les principes de la Théorie Moderne de la Monnaie (MMT) s'appliquent ici? Pourquoi pas?
Est-ce une meilleure façon d'organiser un système monétaire?
Donc, si vous êtes intéressés par ces questions, s'il vous plaît, lisez ce qui suit.


J'aime toujours revenir à ce qui est important quand j'écris au sujet de la théorie macro-économique, surtout quand je me concentre sur les arrangements financiers et bancaires.
Rappelez-vous que le plus souvent les marchés financiers ne font que redistribuer la richesse entre les différents joueurs du casino.
Ils accomplissent rarement ce que nous appelons une activité productive.

Ça me rend toujours perplexe quand je reçois des correspondances négatives de la part de personne travaillant dans les services financiers (précision qui signifie qu'ils pensent que ce qu'ils font est important - je suppose qu'ils regardent  fixement un écran d'ordinateur toute la journée en regardant des numéros changer).
Je recois des emails me disant que mon plaidoyer pour une garantie de l'emploi est scandaleux parce que cela va créer un tas d'emplois improductifs.
Je ris chaque fois que je reçois un de ces ignobles emails.

Quoi qu'il en soit, le graphique suivant montre le taux de chômage de l'OECD Main Economic Indicators (harmonisées) pour les pays en zone euro. La ligne bleue plus épaisse étant pour l'UME.

Les plus grandes (riches) économies européennes n'ont cependant jamais réduit leur taux de chômage en dessous de 6 pour cent et la moyenne de l'UME depuis sa création, est de 8,5 pour cent (au Juillet 2009) et continue de grimper depuis. La moyenne pour les pays de l'UME de Juillet 1990 a Décembre 1998 (données les plus récentes de MEI pour l'UME disponible) a été de 9,7 pour cent, mais cela inclue la récession de 1991.


Que dire alors de ces déficits divergeants?

Wolfgang Münchau, auteur régulier au Financial Times a écrit le 4 Octobre qu'il est:
" ... Presque désespéré ... A propos de ce qui se passe au niveau de la zone euro ... Le problème sous-jacent est une divergence politique entre la France, l'Espagne, l'Italie, le Portugal et la Grèce d'un côté, et l'Allemagne, la Finlande, l'Autriche et les Pays-Bas de l'autre. Le fossé politique entre la France et l'Allemagne est le plus dommageable.
Paris a laissé tomber une bombe la semaine dernière en disant qu'ils ne visent plus à réduire le déficit budgétaire français à moins de 3 pour cent du produit intérieur brut d'ici à 2012.
Il s'agit de la limite fixée par le traité de Maastricht. Même sur des hypothèses de croissance optimistes, la France n'atteindra pas la cible d'ici à 2015 au plus tôt. D'ici là, la dette du pays en proportion de son PIB aura atteint plus de 90 pour cent."

Oh là là, le gouvernement français semble se plier aux revendications de sa population et utilise sa  politique fiscale (budgetaire) pour réduire les dégâts de la crise sur ses citoyens.
Le taux de chômage en France en août 2009 était de 9,9 pour cent après avoir été en 2008 en moyenne de 7,8 pour cent (Source). Münchau considère que cela équivaut à avoir "effectivement renoncé à la coordination des politiques au sein de la zone euro" qui est "une décision du président Nicolas Sarkozy qu'il sera presque certain de regretter un jour".
Apparemment, l'Espagne est "dans la même position" et l'Italie ne fera pas non plus de graves coupes dans le déficit budgétaire, Münchau en conclut que:
" ... Nous sommes susceptibles de nous retrouver avec une dette en proportion du PIB proche de 100 pour cent dans les trois des quatre grandes économies de la zone euro."
 Quelle débauche! Cela devrait être interdit.
 Le taux de chômage de l'Espagne en août 2009 était de 18 pour cent, ayant plus que doublé depuis le minimum de 8,3 pour cent en 2007. Le taux de chômage de l'Italie en Juin 2009 était de 7,4 pour cent comparé au 6,1 pour cent en 2007(Source).

Par opposition, Münchau dit que:
"L'Allemagne ... s'est engagée dans la voie vertueuse."
Pays qui connaît un déclin majeur de sa base industrielle et un taux de chômage aujourd'hui qui rode autour de 8 pour cent.
Vous devriez lire ce blog - Les règles budgétaires devenue folles ... - où je décris l'évolution récente de la Constitution en Allemagne qui vise à interdire les déficits budgétaires dans les années à venir.
Les changements dans la constitution, finalement acceptés en Allemagne, vont restreindre les déficits fédéraux à un maximum de 0,35 pour cent du PIB en moyenne sur le cycle économique après 2016. Les Allemands sont désormais sur la voie de l'auto-destruction comme ils essaient de répondre à cette contrainte légale sur une période plus courte.
Münchau estime que "cet objectif de déficit implique une dette en proportion du PIB d'environ 10 pour cent sur le long terme".

Dans ce contexte, Münchau conclut que:
"La divergence fiscale à l'intérieur de la zone euro deviendra intolérable."
Ce n'est pas la première fois que les relations au sein de l'UME ont été tendues.
En 2005, la France, l'Allemagne et le Portugal ont tous eu du mal à garder un couvercle sur le chômage qui a poussé leurs déficits au-delà des 3 pour cent de PIB, règle imposée dans le cadre du Pacte de stabilité et de croissance, qui découle du traité de Maastricht.
Le résultat fut que le Pacte de stabilité et de croissance a été rendu "plus souple" et les entorses temporaires à la règle, en reconnaissance des spécificités économiques de chaque pays, ont été autorisés.

Münchau estime que la BCE va relever les taux d'intérêt pour faire face à cette divergence de déficit "soutenue".
Il pense également que:
    "La France utilisera les réductions d'impôt visant à renforcer l'offre de l'économie, qui, dans une union monétaire hors de contrôle, peut donner lieu à une course de dévaluations  réelles ... [et que] ... la perception du risque de défaut souverain dans la zone euro va monter en flèche."
Sarkozy a pensé à alléger le poids de l'impôt sur les employeurs en France depuis son arrivée en office.
Le plan essentiellement suggère une augmentation de la TVA et une réduction des cotisations patronales d'un pour cent du PIB.
Cela équivaudrait à une dévaluation réelle, sans exiger de changement dans le taux de change nominal qui est impossible dans l'UME.

Les entreprises françaises bénéficieraient de coûts réduits du travail et leurs produits deviendraient plus compétitifs contre les produits de leurs compétiteurs étrangers.
D'un autre côté, les importations deviennent plus chères, car une augmentation de la TVA est imposée.
En fait, ce genre de stratégie ne change pas le prix du travail  après impôt parce que l'augmentation de la TVA tend à compenser la baisse des cotisations d'assurance-chômage.
Mais le prix des biens échangeables baissent (les exportations ne sont pas soumise a la TVA), ce qui est perçu comme bénéfique.
En outre, les importations sont découragés par l'augmentation de la TVA.
L'Allemagne a fait exactement cela au début de 2006 quand elle a augmenté sa TVA de 3 pour cent et baissé son assurance-chômage fédérale.

C'est exactement le même type de politiques protectionnistes qui ont sapé le système de Bretton Woods (basé sur un taux de change fixe), bien que les nations aient aussi essayé de gagner du terrain contre leurs rivaux par la dévaluation de leur monnaie.
Mais les politiques protectionnistes vont essentiellement saper l'union monétaire.
Les autres nations vont faire les mêmes politiques protectionnistes et le résultat final sera des impôts sur les salaires plus bas et des taux de TVA plus élevés sans aucune amélioration fondamentale des problèmes de fond économiques.
Notez également l'utilisation du mot "perception" - il y a très peu de chance que l'un des membres de l'UME fassent défaut.

En relation avec cela, dans mon dernier ouvrage avec Joan Muysken - le plein emploi abandonné - nous ecrivont:
 "La situation dans l'UME est légèrement différente. Les États membres ont accepté volontairement de contraindre legalement la BCE de fournir du financement à ses membres (qui est l'une des raisons pour lesquelles le Royaume-Uni a refusé d'adhérer à l'UME).
Toutefois, les gouvernements membres de l'UME peuvent émettre des bons du Trésor pour financer leurs dépenses, que la BCE doit accepter finalement, car elle doit maintenir son objectif de taux d'intérêt ..."
Münchau pense que, dans les dix ans on commencera "à penser que l'Allemagne serait mieux à l'extérieur de la zone euro", même s'il pense que «la politique pourra l'empêcher".

Les problèmes sont liés aux fondements du système monétaire qui, par construction, ne peut pas gérer un important ralentissement economique et les conséquences politiques internes qui en découlent.
L'austérité budgétaire qui a accompagné la période de transition dans l'UME, alors que les gouvernements avaient peine à atteindre les critères d'admission établis au titre du Pacte de stabilité et de croissance, se revele maintenant par un taux de chômage qui demeure élevé et un sous-emploi en hausse; la vaporisation des filets de sécurité sociale; la dégradation des infrastructures publiques et la montée de l'extrémisme politique.

Quelques 10 ans après l'introduction de l'UME, ces problèmes s'aggravent au lieu de diminuer, contrairement a ce que les partisans du système ont revendiqué.
Avant la création de l'UME, chacun des États membres étaient souverains dans leur propre monnaie et avaient leurs propres banques centrales.
Cela signifie qu'ils n'étaient pas limités dans leur dépenses par leurs revenus et pouvaient mener les politiques budgétaires et monétaires d'une manière coordonnée aux intérêts socio-économiques de leurs citoyens.

Bien-sûr, sous ce pretexte, ils ont succombés à la culture néo-libérale, uniquement préoccupés par la taille des déficits budgétaires et de la dette publique.
Tous les faux arguments habituels ont été utilisés par les conservateurs pour limiter l'utilisation de la politique budgétaire - par exemple, les arguments de l'effet "d'éviction" (les déficits plus élevés cause des taux d'intérêts plus élevés) et l'eurosclérose (archaisme) qui a engendré les privatisations et la déréglementation.

En prélude à l'unification, l'argument des taux d'intérêt a été joué à plein. Les partisans néo-libéraux de l'UME ont fait valoir que des taux d'intérêt plus bas emergeront dans toute l'Europe.
Non seulement cela ne c'est pas produit, mais cela contredit la réalité -- les nations aurait pu unilatéralement maintenir à zéro les taux d'intérêts de leurs économies souveraines par la simple gestion de leurs opérations de banque centrale sur le modèle suivi par le Japon, par exemple.
Une fois de plus, s'ils avaient compris la théorie moderne monétaire (MMT) et defendu le cas politiquement, ces pays seraient désormais en bien meilleure forme que maintenant.
C'est pourquoi l'Europe a maintenu des taux de chômage très élevés depuis le milieu des années 1970.

Certains pourraient dire que discuter l'entrée dans l'UME était sans objet, car ils agissaient comme des gouvernements non souverains de toute façon. C'est vrai.
Mais maintenant, ils sont légalement engagés plutôt que politiquement engagés.
Le climat politique, lui peut changer tandis qu'il sera beaucoup plus difficile de démêler l'UME pour restaurer la souveraineté de chacun des États membres.
Donc, en entrant dans l'UME, tous les Etats  précédemment souverains ont abandonnés ce titre et sont devenu utilisateurs de la monnaie émise sous l'égide de la BCE plutôt que les émetteurs de leur propre monnaie.

En effet, ils sont devenus des États d'une fédération (comme un Etat Australien ou un Etat des États-Unis).
Certains pourraient dire aussi que cette transition ne modifie pas grand chose parce que l'UME a créé de nouvelles institutions souveraines - le Parlement Européen et la BCE.
Mais ces deux institutions ne sont pas une entité consolidée servant les mêmes ambitions politiques. Elles n'agissent également pas du tout comme un gouvernement souverain.
L'UME, au contraire, s'est enfermé dans un carcan (Pacte de stabilité et de croissance) pour s'assurer que les différents gouvernements des États membres qui sont encore politiquement responsables devant leurs propres citoyens ne puissent pas poursuivre leurs propres objectifs.

Le danger que je vois à présent est la montée des mouvements politiques nationalistes dans toute l'Europe, qui séduisent les jeunes défavorisés et marginalisés, et vont engendrer une dissolution de l'UME.
De toute évidence, les politiques internes qui suivront seront contraire à mes valeurs.
L'autre solution serait de créer un État souverain fonctionnel au niveau de l'UME en donnant les responsabilités fiscales au Parlement Européen qui sont actuellement supportés par les Etats membres et le rendre plus représentatif.
Pour que cela fonctionne encore mieux, la BCE devrait être sous la responsabilité et la direction du Parlement Européen afin que la politique macro-économique soit adoptée par des représentants élus.
Mais de loin la meilleure option à mon avis serait de démanteler l'UME et de rendre leur souveraineté monétaire aux Etats membres a present castrés.

Bien que je visite souvent l'Europe et ai cessé de jeter la myriade de petites pièces que j'avais l'habitude de ramasser en passant les différentes frontières (en particulier ces stupides pièces de 10 centimes néerlandaises) - je ne jette plus que des centimes d'euro maintenant dans les bacs de collecte dans les aéroports - l'avantage d'éviter la conversion de devises semblent être bien faible par rapport aux coûts de ne pas rester souverain dans sa monnaie.

J'ai bien conscience que le but de l'UME (unification) était de prévenir une autre guerre mondiale mais il y a surement d'autre méthode qui aurait pu être exploré pour achever ce but sans créer un système qui empêche les gouvernements élus de faire ce pourquoi ils ont été élus -- augmenter le bien-être de leur population.

A la place de rendre hors-la-loi les déficits budgetaires qui sont la source de l'epargne et soutiennent un haut niveau de demande et d'emploi, je rendrais hors la loi le chomage (au dessus d'un taux minimum permettant la friction -- le changement d'emploi).
J'invoquerai un nouveau pacte de stabilité et de croissance ou les officiels de la BCE commencerait a perdre leur salaires le moment ou le taux de chômage monterait au dessus de 2 pour cent dans n'importe quel Etats membres.
Cela provoquera des changements institutionnels rapide et permettra a la politique fiscale et budgetaire de fonctionner correctement. Mais il se fait tard et je suis en train de rêver!

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